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1ER DÉFI RÉUSSI POUR LE SOUS-MARIN NUCLÉAIRE D’ATTAQUE PERLE, DONT LA COQUE A ÉTÉ RÉPARÉE À CHERBOURG PAR NAVAL GROUP

Information générale

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27/07/2021

Le 12 juin 2020, il y a un peu plus d’un an, le feu se déclarait à bord du SNA Perle, alors que le bâtiment était en cale sèche dans le port militaire de Toulon pour un arrêt technique majeur. Pendant 14 heures, l’incendie avait fait rage, dégageant des températures si intenses que la qualité de l’acier de la coque a été altérée.

Plusieurs solutions avaient été étudiées pour redonner à ce SNA, le dernier de la série des Rubis, tout le potentiel opérationnel dont la marine nationale a cruellement besoin pour mener à bien ses missions.

La plus pertinente, inédite aussi, consistait à réaliser une hybridation de la coque en utilisant l’avant du SNA Saphir, en démantèlement à Cherbourg depuis l’été 2019, avec l’arrière du SNA Perle, qui n’avait pas souffert de l’incendie.

Cette solution avait été retenue le 22 octobre 2020 par la ministre des Armées Florence Parly.

Dès l’incendie éteint, Naval Group, sans attendre la décision du gouvernement, avait lancé les études de faisabilité et d’industrialisation. A commencer par une modélisation en 3D des plans papier datant des années 80. Un préalable pour étudier la manière dont quelque 135 câbles et 60 collecteurs allaient retrouver leur cheminement entre l’avant et l’arrière des deux moitiés de sous-marins, et déterminer l’ordre de montage. Certains approvisionnements ont été lancés, une vingtaine de compétences mobilisées. C'est un risque industriel que nous avons pris pour pouvoir appuyer sur le bouton dès la prise de décision a indiqué le Directeur des opérations de la division Services de Naval Group.



Réalité virtuelle du sous-marin Perle – Image Naval Group

 

Comme cela a été relaté dans le Supplément Mer et Médias du MMI n° 233 pages 43 & 44, le SNA Perle est arrivé à Cherbourg en décembre dernier, convoyée depuis Toulon par un navire semi-submersible. Près de 300 salariés de Naval Group, dont une centaine venue de Toulon, étaient déjà au travail pour préparer la découpe du Saphir.

Globalement, le chantier devait représenter 350 000 heures de travail, dont 100 000 en études et 250 000 en production.

 

Retrouvez le dossier de presse du Ministère des Armées concernant le chantier de réparation du sous-marin nucléaire d’attaque Perle en pièce-jointe.

 

La première phase a été la découpe des deux sous-marins, au niveau du cofferdam. Une opération rapide après une longue préparation: 1 h 30 à l’oxydécoupage. Puis en avril, l’arrière du SNA Perle a été présenté devant l’avant du Saphir, en utilisant les marcheurs qui permettent le transfert des SNA de type Barracuda, deux fois plus gros que les Rubis, ou les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Ces marcheurs ont permis un positionnement au millimètre près. (Voir le Supplément Mer et Médias du MMI n° 235 pages 9 & 10)

Une coque de sous-marin, ça vit, et le vécu opérationnel est différent d'un sous-marin à l'autre. Mais nous n'avons pas eu d'écart à gérer. La présence du cofferdam, une cloison résistante, a été garante de la circularité de la coque a précisé le chef de projet pour Naval Group Cherbourg

La suite, c’est la jonction des deux demi-coques. L’opération a duré un mois, dont 5 jours de soudage à une équipe de 18 soudeurs se relayant en 2/8. Naval Group en a profité pour traiter près de 3 000 points de corrosion repéré à l’extérieur et à l’intérieur de la coque. C'est d’ailleurs un travail classique lors d'un tel arrêt technique. Il faut garantir l'intégrité de la coque, en contrôlant son épaisseur et en ramenant de la matière là où c'est nécessaire.

 


Le SNA Perle en travaux. Photo Naval Group


Avec cette jonction, le SNA Perle a gagné 1,50 mètre par rapport aux autres sous-marins de la série. Cet espace supplémentaire était nécessaire pour l’installation de coffrets de raccordement des câbles électriques et pour relier les collecteurs.

Les 135 câbles contiennent quelques 2 000 conducteurs élémentaires qu'il faut rabouter. Certains sont des câbles souples, mais pas forcément si souples, d'autres en pyrotenax, protégés par du cuivre qui ne se tord pas. Il faudra tout raccorder, brin par brin, pour retrouver l'intégrité de l'alimentation.

 

L’intérieur du sous-marin, au demeurant, est bien vide. Sur le pont 2, là où se trouvent le carré et la cabine du commandant, et le poste de commandement navigation-opération (PCNO), toutes les cloisons, tous les meubles, toutes les baies électriques, les écrans, ont été enlevés à Toulon. Ce ne sont que câbles rangés sur les côtés ou pendant au plafond, tous soigneusement identifiés. A l’échelle du sous-marin, ce sont 10 000 matériels qui ont été déposés et envoyés en maintenance. En arrivant à Cherbourg, le SNA avait déjà perdu 40% de sa masse.

 

Naval Group a tenu ses promesses : le SNA Perle a été remis à l'eau à Cherbourg après l'hybridation de sa coque. L’opération a été réalisée le mercredi 9 juin. Après un premier équilibrage de la coque, le sous-marin a été conduit vers la forme du Homet, dans la base navale, où il a été échoué. Les travaux de raccordement des « veines et artères » vont s’y poursuivre.


Vidéo Naval Group : https://twitter.com/i/status/1400120189543407616

L’arrière de la Perle et l’avant du Saphir ne font désormais plus qu’un. Vidéo de Naval Group : https://youtu.be/84kQuprr8cY

 

« Nous sommes à mi-chemin de la réparation. A la fin octobre ou début novembre, le SNA Perle sera de nouveau chargé sur un cargo semi-submersible et ramené à Toulon où nous reprendrons l'entretien majeur là où nous l'avons laissé. L'objectif est de livrer le sous-marin à la marine nationale au premier trimestre 2023 » a indiqué le directeur des opérations de la division Services de Naval Group.

C’est un sous-marin modernisé qui sera ensuite livré à la marine nationale : il intégrera par exemple un nouveau sonar, un périscope d’attaque optronique et des tables tactiles développées pour les Barracuda, et sera doté des nouvelles torpilles F21…

 

Pour la petite histoire, l’avant du SNA Perle a aussi été rabouté à l’arrière du Saphir, afin que ce sous-marin en phase de démantèlement devenu le numéro de coque, Q 899 puisse être à son tour remis à l’eau et conduit à quai pour poursuivre son démantèlement.


(Sources: La Presse de la Manche, Naval Group, France bleu. )

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