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ÉTUDES MARINES – N° 26 - LE GROUPE AÉRONAVAL, OUTIL MAJEUR FACE AU RETOUR DE LA GUERRE EN MER

C.E.S.M.

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26/08/2024

AVANT-PROPOS par l'amiral Nicolas Vaujour, Chef d'état-major de la Marine.

Comprendre le porte-avions, c’est avant tout penser à ce qu’il apporte en mer : en premier lieu, la zone couverte par ses senseurs et ses avions qui peut atteindre un espace grand comme le territoire national. Il y a aussi la puissance, la diversité et la portée de ses armements. Ou encore sa mobilité : en mer le porte-avions est sans cesse en mouvement, lui permettant de parcourir la distance qui va de Dunkerque à Marseille en une journée.

Mais le porte-avions ne peut pas se penser seul. Il appareille, navigue et agit au sein d’un groupe aéronaval (GAN), constitué de la somme des unités qui l’accompagnent : frégates, sous-marin, avion de patrouille maritime, bâtiment ravitailleur et bien sûr l’ensemble des aéronefs du groupe aérien embarqué. Déployer un GAN, c’est déployer un réseau de senseurs et d’armes étendu sur plusieurs milliers de kilomètres, capable non seulement d’opérer dans tous les milieux, mais surtout d’assurer la fusion des informations. En mer, c’est le moyen le plus sûr d’acquérir la supériorité depuis les fonds marins jusqu'à l'espace. Face à la contestation de l’espace maritime que nous connaissons actuellement, le GAN est à ce titre un « pourvoyeur d’options ».

Le porte-avions, autant que le GAN, ne peuvent donc être conçus sous le simple filtre des moyens qu’ils représentent. Bien plus, il s’agit de les voir sous le prisme de leur emploi. L’histoire nous enseigne que celui-ci n’a cessé d’évoluer avec le temps, au gré du besoin militaire et de la situation stratégique. On pense souvent en premier lieu à la capacité à porter un message stratégique à ses compétiteurs. C’est ce qu’a fait la marine américaine en octobre dernier en déployant deux de ses porte-avions en Méditerranée orientale, avec un message très clair destiné à convaincre l’Iran de ne pas ouvrir la voie de l’embrasement régional. Depuis la fin de la guerre froide, la capacité à porter le feu à 2000 kilomètres a conduit à engager le GAN dans des missions de projection de puissance à terre : Kosovo, Afghanistan, Libye, Syrie sont autant d’opérations qui ont rythmé les 30 dernières années. Si l’on remonte enfin un peu plus avant dans l’histoire, on peut également penser aux missions d’escorte confiées aux porte-avions américains ou britanniques au cours de la Seconde Guerre mondiale.

L’emploi du porte-avions est donc tout sauf dogmatique. Et c’est là sa dernière caractéristique : son adaptabilité. En 1910, lors du premier décollage d’un avion depuis un navire en mer au large de la côte Est des Etats-Unis, il est peu probable que les autorités aient alors imaginé que le fragile biplan qui s’élevait péniblement du bout d’un pont en bois donnerait naissance à un concept si puissant. La curiosité, la vigueur intellectuelle et la capacité à interroger le réel des générations qui ont suivi ont rendu possible l’émergence de cette capacité.

Au combat, c’est celui qui s’adapte le plus vite qui gagne. Il s’agit donc aujourd’hui de fournir l’effort intellectuel, doctrinal et matériel pour rendre cette adaptation possible.

C’était l’objet de la conférence navale de Paris au mois de janvier dernier aux côtés de mes homologues américain, britannique, italien et d’un représentant de la marine indienne. L’ambition de cet ouvrage collectif est d’en approfondir ces débats.

 

Bonne lecture à tous !


Retrouver en pièce-jointe l’Étude Marine n° 26 du CESM de mai 2024.



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