L’ÉCONOMIE MARITIME EN POLYNÉSIE FRANÇAISE : LEVIER DE TRANSITION ET ENJEU CULTUREL - NOTE DE SYNTHÈSE
Document publié en juin 2023.
ABSTRACT : Avec une Zone économique exclusive de 4,5 millions de km2, et 0,1% de terres émergées, la Polynésie française est par nature un continent maritime. Le ministre des Ressources marines en exercice lors de la rédaction de cette note, Heremoana Maamaatuaiahutapu, rappelle par ailleurs le mot de Mgr Hervé-Marie Le Cléac’h, évêque des Marquises et contributeur majeur de la préservation de la culture et de la langue de cet archipel : « si l’Afrique est le continent oublié, la Polynésie est le continent invisible ». Depuis le milieu du Pacifique sud, à plus de 15 000 kilomètres de l’Etat central, la Polynésie française peut-elle efficacement faire valoir un modèle de développement et de transition post-Covid fondé sur l’économie bleue, théoriquement considérée comme la « dernière frontière » à conquérir au nom du progrès mais, dans les faits, encore loin d’être appréhendée dans sa transversalité et dans la diversité de ses secteurs ? Depuis 1984, et au fil de « renforcements » successifs, le statut de la Polynésie française fait de cette collectivité d’outre-mer l’un des territoires les plus autonomes au sein de la République. L’exercice de ses compétences lui a permis de développer ses propres méthodes d’exploitation durable de ses ressources marines, dont une réglementation restrictive des techniques de pêche hauturière, ainsi qu’un modèle de préservation original de ses écosystèmes maritimes qui se traduit, pour la plus grande échelle, par le classement de l’ensemble de la ZEE en Aire marine gérée, une appellation propre au territoire. Ce modèle, fondé sur une culture commune au triangle polynésien (Hawaii, Nouvelle-Zélande, île de Pâques), trouve également des échos favorables dans le Pacifique Ouest et autorise la Polynésie française à faire valoir, aux tribunes internationales, une approche inédite pour le Pacifique insulaire. L’économie maritime développée dans ce cadre constitue la deuxième ressource propre de la Polynésie française, par ses exportations de perles et de thon, après le tourisme dont l’une des composantes est aussi lié à la mer avec la croisière et le tourisme nautique. L’économie bleue assure près de 6000 emplois équivalent temps plein auxquels il faut ajouter 4500 licences de pêche côtière ; elle représente 40 milliards Fcpf de chiffre d’affaires à travers de nombreux secteurs, qu’ils soient traditionnels (comme le transport maritime et la construction navale), transverses (comme les formations, les infrastructures, les services ou les sciences) ou émergents (comme l’aquaculture, les énergies marines ou l’exploration des fonds marins). Enfin, elle est identifiée comme le premier domaine d’activité stratégique pour l’innovation et la transition écologique et énergétique, en capacité d’offrir au territoire des avantages concurrentiels et un potentiel d’exportation dans les outre-mer et les pays insulaires. Chacun des secteurs maritimes, pour beaucoup encadrés par des stratégies et des réglementations adoptées par les institutions territoriales, s’est développé dans la dernière décennie. Malgré des points de blocage persistants, les leviers de croissance sont aujourd’hui bien identifiés et portés par une communauté maritime en phase de structuration, interagissant au niveau public-privé comme à l’échelle locale, nationale et régionale. La Polynésie française pourrait aujourd’hui proposer une vision unifiée du développement de l’économie bleue, déclinée segment par segment et s’appuyant sur une planification spatiale maritime à l’échelle de la ZEE. L’attention doit être portée à la préservation des espaces, à la résilience au changement climatique et à la durabilité d’activités ayant pour priorités l’emploi et la montée en compétences des populations ainsi que le maintien des populations dans les îles. Un tel modèle pourrait, par son exemplarité, rendre plus visibles les enjeux maritimes et valoriser, depuis l’Océanie, un modèle de développement inédit, significatif et inspirant.
Retrouvez la note de synthèse complète en pièce-jointe.
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