RAPPORT D’ENQUÊTE DU BEA MER SUR LE NAUFRAGE DU CARGO À VOILES DE GALLANT LE 21 MAI 2024
Le 11 mai 2024, le voilier cargo De Gallant, gréé en goélette franche aurique, appareille de Santa Marta, Colombie, chargé de 22 tonnes de marchandises. Son équipage est constitué de huit personnes soit quatre marins professionnels et quatre passagers. Sa destination est Horta aux Açores.
Le navire franchit le Windward passage (entre Cuba et Haïti) le 19 mai. Depuis l’appareillage, l’alizé, de secteur est, est faible, et le voilier s’est aidé du moteur pendant dix heures. Le 20 mai au soir, De Gallant passe à l’ouest de l’île Great Inagua, sous grand-voile, misaine, trinquette, foc et clinfoc. Comme à l’habitude, les deux flèches ont été affalées avant la nuit. Le vent est d’est pour dix nœuds, le voilier avance à 70° du vent à moins de deux nœuds.
Vers 00h15 heure locale (TU-5 soit 05h15 UTC) le 21 mai, le second, inquiet de la présence d’orages sous l’horizon dans le sud, réveille le capitaine. Après avoir téléchargé les derniers fichiers météo et observé au radar, le capitaine retourne se coucher après avoir fait mettre les drisses sur le pont pour affaler le clinfoc et la grand-voile si besoin. Cependant, les orages étant sous le vent, il ne perçoit pas d’urgence.
Á 02h00, le capitaine prend le quart avec un matelot et deux passagers. Il reprend la veille radar, et fait route au nord pour s’écarter d’un écho douteux dans le nord-ouest. Le vent a légèrement forci, la mer est toujours calme mais la température a fraîchi. Vers 03h15, les premières gouttes de pluie tombent sur le navire. Le capitaine décide d’affaler le clinfoc et la grand-voile et demande d’aller réveiller le quart au repos. Soudainement, vers 03h20, une première violente rafale couche le voilier à 90°, de l’eau s’engouffre dans le carré laissé ouvert. La force du vent est telle qu’il s’avère impossible pour l’équipage d’affaler le clinfoc.
Le voilier, tribord amure, vient dans le vent et se redresse partiellement. Le capitaine libère les écoutes et retenues de grand-voile et misaine, démarre le moteur, met la barre toute à gauche et décide d’assécher. Pour cela il se rend en machine en laissant ouverte l’échappée qui se trouve à bâbord. Une deuxième rafale survient alors qui couche à nouveau la goélette. La machine est immédiatement envahie et le capitaine a juste le temps d’en sortir.
Le navire commence à s’enfoncer par l’arrière. Le capitaine ordonne l’abandon et fait distribuer les combinaisons de survie que l’équipage, regroupé sur l’arrière tribord contre le deck-house, a à peine le temps d’enfiler. Deux balises de détresse sont déclenchées, et le capitaine lance les messages de détresse. Alors qu’il s’élance pour libérer les radeaux, le navire coule soudainement vers 03h30, dans le nord-est, à une vingtaine de milles de l’île de Great Inagua. Six personnes rejoignent les radeaux libérés par les largueurs hydrostatiques. Deux matelots professionnels sont portés manquants. Quarante minutes plus tard, le vent tombe et la mer est de nouveau calme.
Á 06h45, les survivants sont repérés par les garde-côtes américains qui ne retrouvent pas les deux disparues (2 marins professionnels) malgré d’importants moyens mis en œuvre.
L’enquête révèle que De Gallant s’est trouvé sur la trajectoire d’une supercellule orageuse.
Le BEAmer émet 10 enseignements et 1 recommandation.
Retrouvez le rapport complet très intéressant en pièce-jointe.

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